INTERVIEW DE JUSTINE BOULAIRE, RESPONSABLE ACHATS ET PRODUCTION

Depuis son arrivée chez Receptour, Justine place son expertise terrain au service de l’équipe. Amoureuse du plein air, hyperactive et rayonnante de positivité, elle met beaucoup de cœur à la création de ses itinéraires. Elle a accepté de passer sur le grill de l’interview pour nous parler de son parcours atypique, de sa passion pour le yoga et de son rêve de Van Life. Tout un programme !

Allô Justine ! Je crois savoir que tu es Québécoise d’adoption, qu’est-ce qui t’a donné envie de venir vivre ici ?

Je suis arrivée au Québec en 2018 avec l’envie de changer de vie et de ne pas m’enfermer dans une routine “métro-boulot-dodo ». Cinq ans plus tard, j’habite dans le bois, au cœur des Laurentides, et j’adore ma vie !

Née dans le Nord de la France, j’ai grandi proche d’Avignon, en famille. À 18 ans et avec cette volonté de voler de mes propres ailes, j’ai quitté le nid pour intégrer la business school SKEMA, à Lille, et faire une spécialisation dans le commerce des vins et spiritueux. J’ai eu la chance de travailler pour de grandes entreprises, comme Danone, ou encore la maison de vins Vranken-Pommery pour qui j’étais représentante commerciale sur le secteur Paris-Est.

Dans mon esprit, changer de pays signifiait changer de carrière… À l’approche de la trentaine, je sentais que j’étais arrivée à la fin d’un cycle et je souhaitais faire un métier plus en phase avec moi-même. J’ai toujours eu la bougeotte ! D’ailleurs, ma mère aime répéter à qui veut l’entendre qu’elle a “mis sa fille au monde avec un backpack sur le dos !” (rires).

As-tu eu l’occasion de beaucoup voyager avant ton arrivée au Québec ?

Enormément, surtout pendant mes études !

J’ai aussi fait du voyage humanitaire aux Philippines, à deux reprises. J’étais bénévole dans une garderie privée. Là-bas, il n’y a pas d’école maternelle, les enfants entrent dans le système scolaire qu’à partir de 5 ou 6 ans. C’était une expérience incroyable… J’ai appris le Tagalog au contact des petits, à qui je parlais aussi anglais et français.

Pas certaine que tu utilises le Tagalog au quotidien, mais avoir une facilité avec les langues, c’est une force pour travailler chez Receptour, non ?

Nous sommes sur le marché latin (Italie, Espagne, Mexique) et le marché francophone (France, Belgique, Luxembourg), c’est sûr qu’il vaut mieux pouvoir assurer.

D’ailleurs, il va falloir que j’améliore mon espagnol car j’ai des programmes à monter pour nos clients Mexicains et je dois traduire moi-même. Le week-end dernier, j’ai regardé l’Auberge Espagnole de Cédric Klapisch en VO et j’étais très fière !

Je comprends très bien, je n’ai pas de soucis avec l’écrit, mais j’admets que je suis rouillée à l’oral…

Peux-tu nous parler de tes missions et de ton quotidien chez Receptour ?

Mon poste c’est Responsable Achats et Production. Mon rôle est de construire des itinéraires, format Word, avec un tarif adapté pour les groupes. Souvent des itinéraires classiques, pour notre clientèle européenne qui atterrit à Montréal et séjourne ici environ 10 à 12 nuits. Je rédige de beaux descriptifs pour donner envie aux agences d’acheter et j’ai également la charge de négocier les tarifs et conditions auprès de nos fournisseurs. Ma responsabilité est aussi de mettre à jour la base de données qui nous sert à établir des devis. C’est énorme car nous avons beaucoup de fournisseurs à travers tout le Canada.

Ces itinéraires servent de base de vente pour nos forfaitistes. Elles reçoivent des courriels des agences avec une demande, vont piocher dans mes itinéraires et s’en inspirer pour faire du sur-mesure. Il arrive que le client achète tel quel car mes itinéraires sont tarifés.

Je travaille en étroite collaboration avec Gilles, notre directeur du marché francophone, car il se sert de mes programmes comme vitrine quand il va démarcher des clients.

C’est Linda elle-même qui m’a contactée sur LinkedIn pour me proposer de rejoindre l’équipe en décembre. C’était un défi car cela faisait plus de 2 ans que j’avais quitté la vie de bureau. Elle m’a donné envie, j’ai embarqué sur le projet et je ne regrette pas !

Ton parcours professionnel avant Receptour à l’air trépidant… Veux-tu bien nous en dire plus ?

Ma première expérience professionnelle au Québec était chez Aventures Plein Air, pour qui j’ai été agent de réservation, guide en traineau à chiens et guide en motoneige. C’était mon premier hiver dans le bois et j’ai su que j’avais pris la bonne décision d’expatriation. À cette époque, Fabienne de Tourisme Laurentides est devenue une grande amie. Je la considère comme ma tante.

J’ai commencé à me faire des contacts et par le bouche-à-oreille, j’ai eu une place aux opérations, puis comme forfaitiste chez Jonview. Historiquement, les bureaux de Transat sont dans la même tour et je me suis faite débauchée ! Pendant 3 semaines, j’ai organisé le rapatriement de tous nos canadiens qui étaient au soleil car nous étions rendus au début de la pandémie. La Covid m’a valu d’être mise à pied chez Transat, mais pour l’anecdote, j’ai bénéficié des tarifs collaborateurs pendant 1 an et demi. Cela m’a permis de rentrer en France pour voir ma famille car c’était une période difficile pour tout le monde…

En 2020, au Québec, le gouvernement donnait 500$ par mois pour rester chez soi à cause de la Covid, mais je voulais me rendre utile et ne pas me tourner les pouces dans mon 3 ½ à Montréal. J’ai donc travaillé au supermarché en bas de chez moi, 6 mois, à mettre des fruits en rayon avec mon masque et la distanciation sociale.

Peu de temps après, j’ai repéré une publication d’embauche sur Facebook pour aller faire la plonge au Nunavut, proche du Cercle Polaire, et j’ai foncé ! Je suis arrivée à la mine, un camp de 500 personnes, que des hommes, beaucoup de bruit et –40 dehors… Certains trouvent que c’est une plaie de travailler avec les Inuits, moi j’ai aimé ça même s’il y a beaucoup de problèmes sociaux à gérer. Sur le plan humain, c’était intense mais j’ai beaucoup appris. J’y suis restée 2 ans et j’ai terminé superviseur en cuisine !

Puis, en juin 2022, le tourisme commençait à se refaire une santé et j’étais prête à y revenir. J’ai quitté le Nunavut pour aller guider, sur la route. À la fois des séjours en gros autocars pour des agences comme Receptour, mais aussi en mini-van dans l’Ouest pour Windigo Aventures.

La suite, on la connaît ! (rires).

Tu avais donc déjà mis le pied dans l’écosystème Toundrigo ! Le tourisme est un petit monde…

Depuis la pandémie, beaucoup de personnes ont changé de postes. Que ce soit dans les hôtels, les réceptifs ou les Agences Touristiques Régionales. Je retrouve d’anciens collègues à d’autres postes et nous sommes partenaires maintenant, c’est plaisant.

D’un autre côté, tu peux aussi vite te griller comme on dit ! Il faut faire attention et tourner sa langue 7 fois dans sa bouche avant de parler…

Étant donné ton expérience, es-tu amenée à guider des groupes en parallèle de tes missions de bureau ?

Linda n’est pas contre l’idée que je guide une tournée cet été, elle sait que j’adore le terrain. J’aimerais beaucoup pouvoir le faire, surtout si c’est un itinéraire que j’ai créé et que je connais sur le bout des ongles !

Bien sûr, la condition est d’avoir terminé mes missions en production. J’ai un calendrier de deadlines à rendre en fonction de nos marchés et je reste réaliste sur les priorités.

Sur quels types d’itinéraires travailles-tu pour la saison 2024 ?

Je viens de finaliser un itinéraire pour l’hiver 2023 à la Pourvoirie Mekoos, dans les Hautes Laurentides. Pour la petite histoire, c’est le fruit d’un Fam Tour que j’ai vécu avec Perrine, en charge des Achats chez Toundra Voyages. J’ai créé l’itinéraire de A à Z, de l’expérience terrain à la logistique, c’est vraiment gratifiant. La vente de ce produit sera la Cerise sur le Sundae ! (rires).

L’idée, chez Receptour, est d’être force de proposition. Sur cet itinéraire par exemple, au lieu de proposer un séjour multi-activités au Lac à l’Eau Claire, comme le font toutes les agences, on vient se différencier. Il faut toujours aller chercher la nouveauté et se renouveler.

C’est aussi ce que j’aime chez Receptour : il y a une vraie image de marque à pérenniser. Le hors des sentiers battus intéresse et nous sommes capables de répondre à cette demande.

Pour l’été 2024, je travaille sur un itinéraire en lien avec le tourisme Autochtone. A l’heure actuelle, le séjour classique comprend seulement une visite d’1h au village Huron Wendake. C’est express et il y a des milliers de questions ensuite dans le bus car les voyageurs n’ont pas eu assez de temps pour échanger. Mon idée est de proposer, soit une journée complète, soit d’inclure 2 expériences pendant le voyage. Il faut savoir doser entre satisfaire une certaine demande et ne pas tomber dans le tourisme de niche.

As-tu facilement trouvé ta place dans l’équipe ?

Je n’ai rencontré aucune difficulté pour m’intégrer. Le reste de l’équipe me voit comme une fille relax, très Peace and Love, et j’en suis ravie car c’est la réalité. J’essaye d’être une manager à l’écoute pour Kayla et Pauline qui sont en stage avec nous.  Je ne suis pas du genre à me crêper le chignon, la vie est déjà bien assez complexe à gérer.

La dynamique d’équipe est excellente ! Les filles me posent des questions techniques sur le terrain parfois, et de mon côté, j’ai moins l’habitude de certains outils sur lesquels elles m’aident. Nous avons une belle communication, on se complète très bien. Avec tous nos profils différents, c’est un melting-pot de compétences chez Receptour. L’ambiance est positive et bienveillante.

On me souffle dans l’oreillette que tu es également professeur de yoga et que tu partages cette passion avec tes collègues. C’est ce qui t’aide à avoir cette attitude positive ?

On ne peut rien te cacher ! (rires).

J’ai commencé le yoga en école de commerce, début vingtaine. Ma première professeure était une dame un peu âgée, très en santé, hyper flexible et je me disais que je voulais être comme elle plus tard !

La Covid a été un gros tournant dans ma vie, je me suis posée pas mal de questions sur mes aspirations et ce que j’avais envie de partager au monde. La réponse était évidente : la pratique du yoga et ses bienfaits. C’est pourquoi, j’ai commencé une formation pour être enseignante en septembre 2021 et j’ai été diplômée en avril 2022. L’été dernier, je donnais des cours dans les parcs de Montréal et cet hiver j’ai eu un partenariat avec Décathlon. J’en fais profiter les collègues une fois par semaine, sur notre pause midi, et c’est vraiment le fun.

J’ai plusieurs vies dans une vie ! (rires).

Je comprends mieux le défi que représente la vie de bureau pour toi qui est plutôt hyper active !

Je suis active depuis l’enfance. Mes parents vont à la salle de sport, nous faisions toujours de longues balades à vélo ou en rollers. J’ai eu ce modèle. Enfant, je faisais aussi beaucoup de danse.

En arrivant au Québec, en 2018, j’ai découvert toutes les activités de plein air et le plaisir de vivre au vert. J’ai la chance de pouvoir n’être au bureau que 3 jours par semaine et le reste du temps, je télétravaille depuis les Laurentides. Le plaisir de pouvoir éteindre l’ordinateur à 17h, de sortir de chez toi et d’aller profiter du paddle ou du vélo de montagne.

Je suis vraiment heureuse de mon équilibre vie professionnelle / vie personnelle !

Merci Justine pour cet entretien ! Que peut-on te souhaiter pour la suite ?

Tout d’abord, de continuer à vivre une vie épanouie et en accord avec moi-même.

Et aussi du succès dans la concrétisation d’un de mes rêves depuis mon arrivée. Je voudrais acheter un vieux Van, entièrement le retaper et pouvoir partir barouder pendant mes vacances et mes fins de semaines.

Pour l’anecdote, en 2018, je ne savais pas vraiment où m’installer alors je suis partie en road-trip en Van à travers le Québec et l’Ontario pendant 2 mois.

Un souvenir inoubliable qui m’a transmis le virus de la Van Life ! (rires)

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